Un article proposé par Eléa Manière dans le dossier genre et médias
Au cours des deux dernières décennies, la représentation des hommes et des femmes dans les médias a subi de nombreuses transformations, influencées par des changements sociaux et l’apparition de nouvelles plateformes médiatiques et le renouvellement des anciennes.
Les médias font plus qu’informer, diffuser des émissions ou de la publicité. Les médias reflètent nos sociétés, leur fonctionnement. Ils jouent un rôle essentiel dans la démocratie et permettent notamment aux citoyens de s’exprimer par de nombreux moyens.
Au-delà de ce rôle initial, les médias exercent aussi une véritable influence sur nous, positivement ou négativement. Dans les années 2000, les médias ont commencé à remettre en question les stéréotypes de genre traditionnels, en prenant de plus en plus conscience de l’égalité des sexes. Les médias sont pourtant connus et vus comme dirigés et présentés par des hommes. Cependant, même si les femmes sont souvent peu et mal représentées dans les médias, les hommes le sont aussi dans certains métiers. Aujourd’hui nous faisons tout pour que cela s’améliore au fur et à mesure et que la sous-représentation des femmes disparaisse.
Les inégalités se réduisent dans la presse.
La presse est sans doute le média où l’on retrouve le moins d’inégalités hommes-femmes désormais. En effet, quand on regarde les cartes de presse (ou de journalistes) accordés en 2000 : 38,51% ont été accordées à des femmes et 61,49% à des hommes, soit environ 20 points de plus. Mais jusqu’en 2021, le nombre de femmes ayant une carte de presse a augmenté et on constate une parité désormais presque totale : 47,67% pour les femmes et 52,11% pour les hommes. On explique souvent cela par la féminisation de la profession de journaliste était tout particulièrement visible par les femmes qui n’hésitent plus à aller sur le terrain, notamment dans des zones qui connaissent des situations de guerre. On compte en effet aujourd’hui un certain nombre de femmes « grand reporter » connues, comme Mme Mémona Hintermann ou bien Anne-Claire Coudray. Cependant, dans la presse écrite, les femmes sont encore minoritaires aux postes de rédactrices en chef mais parce qu’elles vont plus sur le terrain et cela s’améliore au fil du temps. On observe que la parité est presque totalement atteinte ou, du moins, l’inégalité hommes-femmes est beaucoup moins présente.
A la télévision comme à la radio, des disparités encore visibles.
A la télévision, depuis longtemps, la représentation des femmes est faible par rapport aux hommes qui sont à l’inverse très présents. Aujourd’hui, les femmes représentent seulement 1/3 du temps de parole. Elles parlent moins que les hommes sur l’ensemble des chaînes, malgré une hausse du taux d’expression de 4,7% de 2010 à 2018. (INA). Néanmoins, les antennes publiques ouvrent leurs portes de plus en plus aux femmes et leur présence et leur temps de parole augmentent peu à peu. Même si elles sont plus présentes sur les chaînes privées (50 % contre 46 %), elles ont un temps de parole plus élevé sur les chaînes publiques (31 % contre 47 %).
En 2019, la proportion de femmes à la télévision s’est ainsi établie à 42% (stable sur un an) contre 37% (-1 point) à la radio. A la radio, on observe une hausse de 9,2% du temps de parole des femmes entre 2001 et 2018, mais des disparités toujours visibles surtout aux heures de forte audience. (INA). Néanmoins, que ce soit à la télévision ou à la radio, on retrouve encore très peu de femmes, sur des sujets politiques ou sportifs.
Dans le cinéma, hommes et femmes sont inégaux.
On considère qu’environ 23,3 % des longs métrages agréés sont réalisés par des femmes. Pourtant le coût moyen de distribution des films réalisés par des femmes est d’un tiers inférieur à celui des films réalisés par des hommes. Il y a donc peu de femmes réalisatrices dans des films à gros budgets. En effet, en 2017, le devis d’un film d’initiative française réalisé par une femme est en moyenne de 3,47 M€, soit 2,04 M€ de moins que celui d’un film réalisé par un homme. En revanche, c’est ici que l’on assiste à une sous-représentation des hommes surtout dans des métiers en « arrière-plan », des métiers féminisés comme les métiers de costumier-ère, coiffeur-se, maquilleur-se ou encore assistant-e scripte où les femmes sont les plus présentes dans ses métiers, entre 74,4% et 93,3%. (CNC-2017)
Les nouveaux médias, égalitaires par nature ?
En 20 ans, on a pu voir l’apparition de nouveaux médias : les réseaux sociaux. Aujourd’hui, ils font partie intégrale de notre société mais, en raison de leur accessibilité à tous, il est difficile de traiter la question de la parité. Cependant, que ce soit sur YouTube, Instagram, Twitter, Tiktok, ou bien désormais Twitch, les plateformes jouent un rôle essentiel dans la déconstruction des normes de genre auprès des plus jeunes. Elles offrent la possibilité à toute personne, qu’elle soit jeune ou âgée, indépendamment de son genre, de partager ses expériences, remettant ainsi en question les représentations stéréotypées propagées par les médias traditionnels. Cependant, il existe des débats animés sur le rôle des réseaux dans la transmission des normes de genres, soulignant l’importance de discuter des implications sociales et culturelles de ces plateformes.
La publicité : des efforts encore perfectibles pour parvenir à la neutralité
Tous les médias ont une particularité commune : Les publicités. En 6 ans, la pub a progressé ; les femmes y sont devenues majoritaires en 2022, tous rôles confondus, à 51%, s’approchant ainsi de la réalité sociale. Elles représentent désormais environ un tiers des « expert(e)s » (34% contre 18% -> 6 ans auparavant). La pub s’amuse aussi à tordre les clichés en inversant les « rôles » et représentant plus les femmes que les hommes dans des activités scientifiques ou de conduite de véhicules alors qu’à l’inverse, les hommes sont majoritaires quand il s’agit de montrer des personnes faisant le ménage ou s’occupant seules des enfants. Les campagnes publicitaires ont commencé à adopter des tonalités plus inclusives, remettant en question les normes préétablies. Malgré ces progrès, certains stéréotypes de genre continuent d’être utilisés et avec la surreprésentation des femmes dans certaines catégories de publicité (luxe, habillement, entretien du corps). Les femmes y restent également beaucoup plus sexualisées et dénudées que les hommes. Le sexisme hante toujours les publicités comme dans la pub pour AirBNB. (Deux exemples différents en fin de page)
En conclusion, les deux dernières décennies ont été marquées par des progrès significatifs dans la représentation des hommes et des femmes dans les médias. Cependant, il reste encore du travail à faire pour garantir une représentation équitable et authentique, reflétant la diversité de la société moderne dans les médias. L’ambition est désormais de parvenir à une « juste représentation des femmes et des hommes » dans tous les médias.
Par Eléa Manière
11/2023
Deux pubs affichés par la société AirBNB qui montrent les différences entre les « projets » pour appartements associés aux femmes et aux hommes.
Publicité de la société SPAR visant à changer le rôle du père dans la famille et aux tâches quotidiennes comme les courses et avec les enfants…. mais le père reste en bleu et sa fille en rose; le diadème et la baguette magique sont encore des attributs féminins!
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